On les appelle macrodéchets. Ces détritus issus des activités humaines commencent leur course à terre, continuent en mer et reviennent souvent sur les côtes. Entre temps, ils font des ravages sur leur passage…
20 janvier 2007, le Napoli s’échoue au sud de l’Angleterre. Le navire transporte plus de 2300 conteneurs et en perd une centaine tombée à l’eau dans l’accident. Drôle de coïncidence, quelques jours plus tard en France, les plages des Côtes d’Armor et du Finistère Nord sont envahis par des boulettes de fuel, quelques oiseaux mazoutés agonisants, et des « cadeaux » inattendus : des milliers de sachets de gâteaux, des flacons d’eau de Cologne, etc.
Le plastique, pas fantastique
Scénario classique de pollution par macrodéchets, rien de très étonnant hélas… La preuve, en 1997, une étude estimait à 6,4 millions de tonnes la quantité de déchets rejetés chaque année en mer. Le fléau ne date pas d’hier, il est apparu avec le développement de la société…
Composés de bois, métaux, verre, carton, etc., les macrodéchets sont abandonnés en pleine nature, délibérément souvent ou par négligence. Pour ceux qui finissent en mer, 80% ont une origine terrestre directe (perdus lors des transports industriels, chargés dans les eaux usées, laissés sur les plages par les vacanciers, sur les digues par les amateurs de pêche, abandonnés sur des sites transformés en décharges sauvages, arrachés des villes lors des tempêtes), 20% une origine « nautique » (filets de pêche commerciale, cargaison tombée des navires marchands, déchets jetés ou perdus par les bateaux de plaisance, les vaisseaux militaires et les plate-formes de forage).
Le problème s’est aggravé il y a une quarantaine d’années avec l’apparition des substances synthétiques, les plastiques issus des produits pétroliers. Aujourd’hui, cachés ou plus visibles, ils envahissent notre quotidien. Malheureusement, l’environnement a un mal fou à s’en débarrasser, d’autant plus qu’on les lui balance sans compter… Un rapport du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement) publié en 2005 évaluait en effet à 13000 le nombre de débris plastiques flottants par kilomètre carré d’océan, chiffre revu à la hausse l’année suivante (18000). Certes, ces estimations doivent être prises avec précaution, mais soulignent bien l’ampleur du phénomène.
Un long voyage
Une fois introduits dans l’écosystème marin, les macrodéchets peuvent y rester une éternité. L’océanographe américain Curtis Ebbesmeyer a réalisé un test avec des sandales et jouets en plastique dans le Pacifique Nord. Il a montré que les objets flottants pouvaient parcourir 13000 kilomètres et revenir trois ans plus tard à leur point de départ ! Entre temps évidemment, ils auront fait d’irréparables dégâts.
Les résultats de cette expérience coïncide avec la modélisation du gyre subarctique, courant au trajet circulaire qui s’étend de l’Amérique du Nord à l’Asie. C’est lui qui a baladé trois ans durant une partie de la cargaison (29000 jouets) perdue par un cargo parti de Hong-Kong pour Washington en 1992. Point d’arrivée ? L’Alaska. Preuve que rien ne se perd ! Quid d’une destruction providentielle de ces déchets ?
Pas de miracle, certains mettront des centaines voire des milliers d’années avant de s’éclipser. Car si, faute de moyens, les bactéries renoncent au sale boulot, il ne reste que trois options : la dégradation physique par l’érosion (frottements dans les vagues, les récifs, etc.) et la décomposition chimique par photolyse (sous l’action de la lumière du soleil) ou hydrolyse (sous l’action de l’eau). Evidemment, il en faut du temps pour arriver à un résultat…
S’il y a des solutions ? Outre celles de récupérer les détritus rencontrés en milieu naturel, les autres se situent en amont : consommer autrement, recycler, revoir le stockage des déchets, miser sur le biodégradable, et adopter un comportement citoyen. En attendant, des jours meilleurs, des pôles à l’équateur, des surfaces aux profondeurs, aucun océan n’échappe au flux incessant des macrodéchets.
Les animaux paient cache
En novembre 2006, Greenpeace a publié un rapport édifiant au sujet de l’impact sur la faune marine. Reprenant une enquête de 1996, l’ONG rappelle que les débris de plastique bouleversent l’existence d’au moins 267 espèces (oiseaux, tortues, phoques, otaries, lamantins, cétacés, poissons, crustacés) ! « Au moins 267 » car depuis, chaque année écoulée a apporté son lot de nouvelles victimes.
On y pense moins, mais les macrodéchets véhiculent aussi des espèces résistantes prêtes à envahir des milieux qui ne sont pas les leurs. Sans parler du fait que les plus lourds, tombés au fond, étouffent les herbiers qui ont tant besoin de lumière… Bref, d’une manière ou d’une autre, les macrodéchets sèment la mort en mer.
Les animaux s’enchevêtrent dedans. Prisonniers de filets abandonnés, de boîtes, de lignes, etc. les malheureux, paralysés et privés d’oxygène, finissent étranglés ou par se noyer (dauphins, requins, tortues). Quant aux plus chanceux, seulement handicapés dans leurs déplacements par ces véritables boulets, ils se fatiguent plus rapidement et voient leur espérance de vie inévitablement diminuer. Autre cas, les animaux avalent les déchets par mégarde ou confusion avec leurs proies. Le ventre rempli, ils n’éprouvent plus la sensation de faim, ni le besoin de s’alimenter. Les voilà condamnés. Pire, leur tube digestif risque la perforation.
Enfin, concernant les déchets de plastique réduits avec le temps à la taille de celle des grains de sable, on les retrouve dans les sédiments ou en suspension dans l’eau. Et aujourd’hui, par manque de recul, personne ne sait quelles peuvent être les répercussions sur la santé des organismes marins… Alors, il est grand temps de prendre le taureau par les cornes !
Les plongeurs ramassent !
Les plongeurs sont les premiers à assister à la transformation des fonds marins en dépotoirs, mais pas les derniers à réagir. Ainsi, en France, le 4 juin 2006, Journée Mondiale des Océans, 300 d’entre eux ont mis la main à la pâte avec le soutien des associations Mer-Terre, Longitude 181 Nature et de la FFESSM. Répartis sur plusieurs sites, ils ont ramassé 34 m3 de déchets et rempli les fiches. Détails du butin ? Sur les plages, les bénévoles ont surtout récolté des bouteilles et sachets en plastique et des bouteilles en verre ; sous l’eau, des déchets en plastique, des pneus et des carcasses de ferraille. L’association Mer-Terre a d’ailleurs créé l’Observatoire des Déchets En Milieux Aquatiques (ODEMA) malheureusement promis à un bel avenir…
Leur durée de vie dans la nature ?
Mouchoir en papier : 3 mois
Peaux de fruits : 3 mois à 2 ans
Mégots : de 1 à 2 ans
Chewing-gum : 5 ans
Bouteilles en plastique : 100 à 1000 ans
Canette en aluminium : 200 à 500 ans
Sachets plastiques : 400 ans
Verre : 4000 ans
Batteries, piles : illimitée
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